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Aujourd’hui, les informations se partagent en temps réel et le monde est devenu plus que jamais un village ; un village où chacun a le pouvoir de véhiculer ses pensées sous ce que certains considèrent à présent comme étant “l’Agora des temps modernes”. Les réseaux sociaux avaient pour vocation première le maintien du contact entre les personnes. A travers les dernières décennies, ils ont connu une évolution frappante voire inattendue. En effet, l’on ne se contente plus de prendre des nouvelles d’un parent lointain ou d’un partenaire étranger… mais aussi de parler de ses maux et de ses peines sur la base d’une liberté mondialement reconnue. Cette mutation est telle qu’elle touche tous les domaines et encore plus la politique. Désormais, sur les réseaux sociaux s’impose de manière inexorable comme des moyens de faire des foules ou des assemblées dans l’espace politique.
Plusieurs années auparavant, les manifestations étaient synonymes de bains sanglants mettant en exergue jets de pierres et opposition sous le joug de la force. On assistait, faible aux massacres de milliers d’innocents au nom d’un ras-le-bol général.
De nos jours, avec l’expansion des réseaux sociaux, les populations ont trouvé une autre manière de faire entendre leurs voix et de se défaire du joug des failles de la démocratie et de “la privation de liberté”.
Cette implication des réseaux sociaux dans les affaires politiques se matérialise de plus en plus en Afrique avec la montée de plusieurs hashtags révolutionnaires de mouvements de jeunesse engagés. Nous pouvons citer l’exemple du hashtag #FreeSenegal en Mars 2021 suite à l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko, de #EndSARS au Nigeria en 2021 suite aux violences policières impunies ou encore il y’a quelques années celui du mouvement social Y’en a marre avec les hashtags #yenamarre et #sunu2012 résultant du soulèvement de la population sénégalaise le 23 juin 2011.
Au regard de ces considérations, nous pouvons admettre que les réseaux sociaux participent à améliorer la participation politique des populations africaines dans le sens où depuis qu’ils existent, l’implication dans les affaires politiques se fait avec une foultitude de canaux. Ceci pourrait à la longue faire office de barrière contre les formes de dictature et d’actes ignobles perpétrés par certains haut gradés de la classe dirigeante politique Africaine . Aujourd’hui ces contestations représentent un système d’alerte destiné aux instances mondiales et donc une mise en garde contre les dirigeants avides. En plus de cela, cette inclusion des réseaux sociaux dans les contestations a accentué la liberté d’expression de telle manière qu’aujourd’hui les décisions politiques sont impactées. On pense à ce propos au Printemps arabe en 2011 qui marque un des tournants décisifs ayant fait des réseaux sociaux un nouvel espace de destruction des complots d’ordres politiques . Cela nous renvoie à la libération d’Ousmane Sonko au lendemain des contestations via le hashtag #FreeSénégal en Mars 2021. C’est dans ce sillage qu’il est concevable de retenir que les réseaux sociaux représentent un bouleversement dans la logistique classique des processus de contestation, d’élection, de maintien du débat public.
Au regard de ces faits, nous pouvons vanter les mérites des réseaux sociaux mais ils ont leur versant négatif dans la manière de les instrumentaliser.
Nous estimons qu’ils représentent un mal jugé nécessaire dans la mesure où aujourd’hui les réseaux sociaux représentent un levier incontournable dans le processus de participation politique. A cela s’ajoute, la distribution rapide des hashtags qui captent l’attention de l’opinion mondiale et qui symbolisent la liberté et la défense de la démocratie. Vraiment ! un grand pas pour l’Afrique en termes de liberté d’expression. Cependant tout n’est pas rose. Ils peuvent être vecteur d’appel à la haine. A ce propos, les attentats du 13 novembre 2015 à Paris peuvent en témoigner. Ils peuvent être source de « fake news », de propagande populaire impertinente. C’est au regard de ces dimensions que nous pensons que les réseaux sociaux sont un danger pour l’équilibre socio-politique des pays.
Fort de cela, l’exploitation des réseaux sociaux dans la diffusion et/ou l’émission de messages doit être encadrée. C’est d’ailleurs dans cette optique que nous soulevons quelques recommandations surtout pour la jeunesse africaine. Dans le cadre d’une contestation effective recevable et pertinente, les autorités politiques doivent permettre à la population surtout jeune de donner leurs opinions et suggestions concernant la vie politique, car la liberté d’expression est souvent lésée à cause des commentaires censurés. Cela pourrait être l’occasion d’organiser des débats sur les réseaux sociaux. De plus, il faudrait continuer la logique politique qui imprègne les contestations même après celles-ci pour gagner en crédibilité et parallèlement être à l’affût. Développer son esprit critique en temps de crise est également une pièce importante dans le processus de contestation dans le sens où pour poser sa légitimité, il faudra se renseigner sur des sources fiables, comparer les informations selon différentes sources (fact-checking) et ainsi forger son opinion. Il faudrait aussi, s’assurer et s’informer sur les droits et devoirs des hommes politiques concernant l’utilisation des réseaux sociaux. Il serait judicieux aussi d’assurer l’encadrement de la législation sur l’incitation à la violence dans les espaces virtuels publics. Ce processus nous évitera la lecture d’avis impertinents et hors contexte.
Au regard de toutes ces considérations, nous concevons que les réseaux sociaux à travers les contestations politiques sont devenus le canal par excellence de diffusion d’idées et de conquête des masses dans l’espace politique.Cependant, le fait d’attendre les situations alarmantes pour se politiser ne rendrait-il pas biaisé les motivations et les logiques du citoyen à s’intéresser à la chose publique?
Auteures: Saly Diaby et Rokhaya Samba Diouf, Brand & Content assistantes à Polaris Asso