De l’arbre à palabre au
« Penc numérique » : nouveaux espaces publics de débats au Sénégal

Publier
Tweeter
Poster
Partager

De l’arbre à palabre au « Penc numérique » : nouveaux espaces publics de débats au Sénégal

SONKOADJI SARR, est un #Proces qui démontre, révèle et consolide la transposition des espaces classiques ou traditionnels (« penc ») d’expression d’opinions vers les plateformes numériques (« penc numériques »), moins contraignantes, moins restrictives, plus accessibles et plus ouvertes. Au Sénégal, les réseaux sociaux comme Facebook, WhatsApp, Tik-Tok, et surtout Twitter incarnent ces nouveaux types de « penc ». Parmi ces réseaux, Twitter occupe une place de choix en tant que canal d’information et d’échange protéiformes très sollicité.

De son déclenchement en mars 2021 à son aboutissement en première instance, l’affaire « Sweet beauté » a été exposée sur la toile par la force des réseaux sociaux, ce qui a permis à de nombreux internautes et mobinautes sénégalais de suivre le procès comme étant presque dans la salle d’audience et d’en débattre via des tweets et retweets.

Ainsi, le 23 mai 2023, jour du jugement de cette histoire couramment nommée « affaire Sweet beauté » ou « Sonko/Adji Sarr », on a noté une explosion de hashtags générés à ce propos. Entre autres, hashtags #Sonko (141 000 tweets), #AdjiSarr (149 000 tweets) ou #NdeyeKhadyNdiaye (5793 tweets) ont marqué cette journée tout comme la foison d’espaces d’échanges interactifs entre internautes d’ici et d’ailleurs à l’instar de celui titré « Procès !! Affaire  » sweet beauté” » avec au moins 400 auditeurs. Ce dernier a été ouvert par un « twittos » du pseudo de ASSIMI. Ces audiences étaient créées pour le partage, la discussion et le commentaire des informations relatives au procès.

De même, les « Spaces » de discussions et les commentaires sur ce procès n’ont pas attendu son verdict qui est tombé ce jeudi 01 juin 2023. Les réseaux sociaux ont servi de tribune dès la veille de la délibération du jugement. Mais, le jeudi 1er juin 2023 se caractérise par une hyper-utilisation des réseaux sociaux, occasionnant une sortie du ministre de l’intérieur qui a jugé nécessaire de les fermer en axant son argumentation sur les messages haineux qui circuleraient dans ces espaces. 

Parmi les « spaces » où ce verdict est débattu, on note celui intitulé « Le Sénégal à terre » qui a enregistré 1320 auditeurs. Plusieurs personnes se sont exprimées sur les différents thèmes qui y sont abordés (Verdict du procès – 3eme mandat – Destruction des biens publics). A ce propos, S.M.S (participant) lance un cri de cœur via un tweet en ces termes : « La dictature doit cesser ; la population en a marre de ce système ».

L’éthique du follow par la magie du numérique 

Le caractère ouvert (l’accessibilité) des « Penc numériques » fait que ce qui se passe au Sénégal est, en temps réel, examiné dans une dimension internationale, par des intervenants qui se prononcent par rapport à leurs appartenances ou aux principes qu’ils défendent. Chacun peut s’exprimer sur une affaire le concernant, ou concernant le Sénégal. C’est d’ailleurs cette liberté de parole que les « Spaces » offrent aux internautes désirant discuter d’un fait dans un cadre ouvert au public. 

Sur Twitter, les utilisateurs peuvent suivre (follow) les comptes de journalistes, d’observateurs, de médias, d’influenceurs, d’hommes politiques, d’activistes, etc., qui « tweetent » en direct depuis leur salle d’audience. En effet, les journées du jugement et du délibéré du procès opposant le leader politique #Ousmane Sonko et #AdjiSarr ont servi de prétexte pour mesurer l’ampleur du recours que les sénégalais font de ce réseau, particulièrement avec les « Spaces » réservés à des discussions verbales ouvertes aux internautes sur twitter.

Twitter, un onglet à double tranchant !

Dans un sens, les plateformes digitales, particulièrement Twitter, constituent des espaces de débats qui sont incontournables pour la stabilité et le changement positif dans un pays à l’ère du numérique. Par contre, ils peuvent, dans un autre sens, être des canaux propices au soulèvement de masse, voire, dans leur pire version, à la propagation de fake news et peuvent provoquer par conséquent des réactions de masse préjudiciables aux citoyens. 

Par exemple, l’annonce du projet des « pro Sonko » incitant leurs souteneurs à se rendre à son domicile pour, selon eux, enlever un blocus qui aurait été mis en place contre leur leader (blocus, blocus1, blocus2, blocus3, blocus 4) a mobilisé des centaines de personnes. Un appel qui, suite à une réaction des forces de l’ordre, a conduit à des affrontements dans le périmètre de la Cité Keur-Gorgui-Dakar. Dès lors, Twitter peut être à la fois un outil d’appel à rassemblement pour la solidarité et la stabilité, mais aussi pour l’instabilité surtout dans un contexte de tension juridico-politique très complexe vécu au Sénégal ces dernières années.

L’utilisation de Twitter par les sénégalais évolue en dents de scie en fonction de l’importance qu’ils accordent aux thèmes et faits d’actualité. Le graphique ci-dessous présente les taux d’activités de 95 100 personnes sur Twitter, entre le 16 et le 24 mai 2023. Ces tendances illustrent le recours massif que les internautes font de ce réseau au cours de cette semaine dominée par une actualité politico-judiciaire ( procès _Sonko_AdjiSarr).

Nuage de flux de tweets et retweets durant la semaine du 16 au 24 mai 2023 sur l’actualité avec “politique_sonko_sénégal” comme mots clés. Ces nœuds montrent l’interconnexion, les follows et les retweets entre les utilisateurs du réseau Twitter. 
 

Au 21ème siècle, le numérique constitue un espace public incontestable. Il offre à ses usagers des espaces d’expression en dehors de toute forme de sélection liée au profil des intervenants, aux lignes éditoriales de la presse classique, etc. Le digital vient ainsi challenger les espaces classiques d’expression d’opinions des populations, notamment des jeunes qui s’y sentent plus libres à se prononcer sur des questions d’actualité. Cette réalité est d’autant plus vrai que, malgré les restrictions, 1,2 millions de tweets ont été postés en seulement 05 jours sur le hashtag #FreeSenegal.

suivez-nous sur les rÉseaux sociaux