Au Sénégal, il y a des initiatives concrètes de la part de l’État pour accompagner les porteurs de projets. On peut citer entre autres le Fonds souverains d’investissements stratégiques (Fonsis), la Délégation générale à l’entreprenariat rapide (Der). Mais il se trouve que l’accompagnement ne peut pas être que financier. Il y a en réalité un préalable au projet qu’il faut assurer et des compétences à avoir avant de pouvoir bien gérer un financement.
Donc, au-delà des aspects de financements, il faut revenir aux choses basiques qu’on a tendance à oublier et qui fondent les bases d’une société entrepreneuriale.
Aujourd’hui, nous avons besoin d’une école qui ne brise pas l’esprit créatif mais qui l’accompagne. Dans les lycées par exemple, il est possible de proposer aux élèves de découvrir le parcours de l’entrepreneur. L’accompagnement doit se concentrer sur les choses que l’école et l’université ont raté, notamment les compétences numériques fondamentales et les soft skills. Dans un monde de l’accélération et de l’automatisation, les hard skills sont éphémères. Donc les soft skills sont recherchés en entreprise pour la stabilité et la flexibilité à s’adapter à toutes les situations dans un monde où les repères peuvent changer à tout moment.
Il faut une palette d’accompagnements des entrepreneurs pour préparer la société entreprenante de demain. Un accompagnement qui va de la découverte du parcours entrepreneurial à l’accélération, en passant par l’entraînement à l’entrepreneuriat, la pré-incubation et l’incubation. L’accompagnement doit relayer l’école et l’université à travers un écosystème harmonisé, cohérent et segmenté selon les besoins, en pointant du doigt l’importance des valeurs et de la culture entrepreneuriale.
Autant que les contenus, les formats de l’accompagnement doivent aussi être diversifiés pour toucher de la meilleure des manières chaque cible ou pour se donner toutes les chances d’aborder efficacement chaque thématique. A côté du format classique de l’atelier « PowerPoint », des jeux de cartes ou des quizz en ligne avec une dose de gamification pourraient parfaitement côtoyer des enseignements sous forme de récits ou de contes.
Cette harmonisation est fondamentale car il faut considérer les facteurs constitutifs des écosystèmes entrepreneuriaux non comme des éléments séparés mais comme un tout relié. Ces facteurs sont politiques, financiers, culturels, infrastructurels. Ils concernent aussi le marché et le capital humain.
L’entrepreneuriat est avant tout une culture, un ensemble de valeurs et de croyance, avant d’être un ensemble de compétences techniques et humaines. Il est dès lors fondamental de pouvoir les transmettre dès le plus bas âge pour faire de nos capitales africaines des hubs gigantesques de l’innovation et de la productivité.
En mettant de la conscience sur tous ces défis, on peut mesurer l’urgence qu’il y a derrière la nécessité d’influencer les communautés vers une rhétorique plus engageante envers l’entrepreneuriat, de pousser les secteurs public et privé à co-construire des écosystèmes plus dynamiques pour accompagner et financer les initiatives entrepreneuriales.