@crédit: Galilée.sp

Rapport entre gouvernants et gouvernés: la nécessaire mise à jour du logiciel

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L’élargissement des champs d’action du citoyen garantit une meilleure représentativité à des conditions...

Le 3 mars 2021, Ousmane Sonko, principal opposant de Macky SALL et président du parti «

Patriotes du Sénégal pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité » communément appelé Pastef est arrêté sur la base d’accusation de viol. Ses sympathisants perçurent en cela un complot pour l’éliminer de l’échiquier politique pour la prochaine élection présidentielle de 2024. Les manifestations tournent au chaos, les affrontements entre forces de l’ordre et populations firent plusieurs morts. Les observateurs sont tous d’accord sur le fait que ces manifestations ont servi de brèche aux populations pour crier leur ras le bol face à la précarité sociale et économique et surtout l’absence de perspectives d’emplois pour les jeunes.

Il y a un élément déterminant qui n’a pas manqué d’attirer notre attention. En effet, au moment où certains se servaient de leurs pierres et de leurs pneus, d’aucuns mettaient le feu avec l’allumette d’un hashtag devenu célèbre avec plus de deux millions de messages sur Twitter. Tel un refrain à l’hymne d’une colère collective, les Twitternautes sénégalais signaient partout : #FreeSenegal.

Ce mot clé a permis de contourner les coupures d’internet et de diffusion d’information par la presse afin de faire passer les messages concernant les points de rassemblements, d’internationaliser le combat en s’appuyant sur les comptes à grande audience. La leçon est retenue ! Les internautes ont une nouvelle façon de lancer des pierres. On peut citer à côté du Sénégal, #EndSARS au Nigeria, #EndAnglophoneCrisis au Cameroun, #CongoIsBleeding en République Démocratique du Congo.

Dans ce climat, où les plaies cicatrisent petit à petit, le Sénégal se dirige vers les élections locales prévues en janvier 2022.

Avec une population de 16,97 millions d’habitants, 7,81 millions sont connectés, soit un taux de pénétration d’internet de 46%.

Face à ces chiffres, la population appelée à voter pour le renouvellement général des conseillers départementaux et municipaux est en partie connectée et la majorité des primo-votants vivent sur les plateformes digitales. Le vin est digitalement tiré, l’Homme politique doit se réinventer et réadapter son discours ou signer son arrêt de mort.

Quels sont les rôles et les responsabilités des jeunes dans ce nouveau paradigme politique ? Quel doit être le positionnement du gouvernement dans ce rapport de force ?

Quel est l’avenir de la démocratie participative dans le logiciel de l’ère digitale ?

La stratification des rapports entre gouvernants et gouverné : une formule dépassée

De manière classique, la démocratie représentative prévoyait un rapport vertical entre gouvernants et gouvernés. Les réseaux sociaux, en permettant à l’internaute d’interpeller directement l’homme politique, de tweeter ou retweeter ce qu’il veut, aplanissent cette relation en la rendant horizontale. Dans ce registre, les citoyens qui avaient délégué leur volonté, deviennent de plus en plus porteurs de leur propre volonté et font des réseaux sociaux des espaces d’expression et de contestation. L’e-citoyen s’est approprié le cyberespace comme son espace de pouvoir, le support de ses contestations et là où ils s’arcboutent le mieux à sa liberté d’expression.

Véritables recours au contournement de la censure d’État et vecteur de mobilisation, les réseaux sociaux sont désormais les nouveaux « ascenseurs contestataires ». A ce propos, le printemps arabe a été un exemple pertinent dans la mesure où les citoyens ont pu contourner l’autorité des gouvernements pour organiser les mobilisations et surtout de faire voir l’ampleur du mouvement sur la scène internationale.

Même derrière le clavier, on a une responsabilité

De la même manière, les réseaux sociaux peuvent donner le pouvoir aux citoyens, de cette même manière, ils peuvent représenter des espaces d’anarchie où les internautes sont dans des monologues et où le débat mal encadré ne rend pas service à la démocratie. Pire, parfois, ces réseaux sociaux fonctionnent comme les foules, car ils créent les conditions pour que les personnes aiment et partagent de manière spontanée, sous le coup des émotions sans prendre la distance nécessaire face à ce qui leur est rapporté. C’est très fréquent de se rendre compte qu’il n’y a pas de véritable discussion sur plusieurs sujets, on est dans la polémique.

Le débat serait constructif si sur l’espace public virtuel, on garde encore le principe selon lequel on ne s’exprime pas pour soi, mais pour l’intérêt général. Quant à l’Homme politique, sa mise à jour ne passe pas par la censure de ces outils, mais il doit participer au débat en répondant aux interpellations et en restant à l’écoute pour avoir une idée précise des préoccupations de celles et ceux qui l’ont élu.

En réalité, le pouvoir des réseaux à créer une démocratie directe renouvelée passe par la responsabilité individuelle du e-citoyen prêt à être son propre garde-fou pour un débat responsable et respectueux, et un homme politique qui ne le considère pas comme un cadre qui lui est hostile mais un nouvel espace qui élargit les possibles pour la démocratie représentative.

L’alternative passe en partie sur les plateformes digitales

Il y a de nouvelles formes d’expression de la citoyenneté, il faut aussi des nouvelles perspectives dans la manière et de conquérir le pouvoir, et de gouverner.

Les élections locales arrivent à grands pas et on constate que les prêches sur l’engagement des jeunes à faire de la politique ont eu écho à la demeure. On perçoit des jeunes candidats qui souhaitent porter eux-mêmes la voix des jeunes. Le discours sur leur projet de société devra passer en partie sur les réseaux sociaux et autres presses en ligne. Sans les inviter à faire une politique du clavier, du tout-numérique, il est nécessaire pour ces candidats de se faire une place en se formant sur un usage efficient de ces outils afin d’avoir l’impact escompté.

Les électeurs, dans un élan de citoyenneté et de responsabilité, peuvent compter sur des plateformes comme «Sénégal Vote » pour savoir comment voter et bien le faire, de vérifier les informations reçues sur des sites comme Africa Check.

Le numérique doit permettre aux citoyens d’améliorer leur participation à la vie de la cité et à l’homme politique de se reprocher de ceux qui l’ont élu. Hashtag, #e-éthique !

Auteur: Pathé DIEYE, Brand & Content Manager de Polaris Asso

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