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Polaris Asso est une association à but non lucratif basé à Dakar et qui utilise le numérique comme point d’ancrage et prétexte pour travailler sur les défis de la jeunesse. Notre travail s’inscrit dans une logique de promotion de la protection, de l’engagement et de l’autonomisation des femmes et des jeunes dans un monde numérique.

Polaris Asso est une association à but non lucratif basé à Dakar et qui utilise le numérique comme point d’ancrage et prétexte pour travailler sur les défis de la jeunesse

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Déclaration liminaire de la conférence de presse 05 JUIN 2023

Mesdames et messieurs les journalistes,

Nous vous remercions d’avoir accepté, malgré l’instant critique que vit notre démocratie, de répondre présent à notre appel.

Permettez-nous, à l’entame de nos propos, de présenter toutes nos condoléances aux familles des compatriotes décédés suite aux événements que nous vivons depuis le 1er juin. Qu’Allah accueille leurs âmes au paradis et puisse accorder toute son assistance à leurs proches.

Nous exprimons également notre solidarité aux blessés et aux victimes collatérales de ces manifestations. Nous portons une attention particulière à l’égard des étudiantes et des étudiants des différentes universités sénégalaises qui vivent des moments difficiles. Nous marquons notre soutien aux jeunes qui ont perdu leurs biens ou qui se voient dans l’impossibilité de poursuivre leurs activités professionnelles ou académiques par le fait de ces tensions politiques et sociales.

Si nous vous invitons à échanger aujourd’hui, c’est parce que l’heure est grave, très grave !

L’Etat du Sénégal, après une restriction des réseaux sociaux le 1er juin, a infligé ce dimanche 4 juin une mesure restrictive inédite de la liberté d’expression à la population sénégalaise en suspendant internet mobile !

Nous voulons dire, là et maintenant, que nous condamnons de toute notre énergie cette mesure liberticide qui mène notre pays vers un recul démocratique.

Les conséquences désastreuses de cette mesure sont d’une grande importance. Aujourd’hui, les sénégalais ne se connectent plus, ils vivent connectés, notamment leur mobile. Suspendre l’internet mobile, c’est suspendre leur vie tout simplement.

Les élèves révisent leurs leçons avec internet, les pères et mères de famille paient l’eau et l’électricité avec leur mobile. Les commerçants gagnent leur vie et assurent la dépense quotidienne de leurs familles grâce aux transactions financières de leurs clients sur le mobile. Les milliers de jeunes, chauffeurs de taxi et conducteurs de transports particuliers fonctionnent grâce à leur smartphones connectées.

Ces conséquences désastreuses nous poussent à ne pas nous limiter à condamner, nous allons, dès cet après-midi, mener une première série d’activités visant à mobiliser les jeunes épris de liberté, femmes et hommes, à inviter le gouvernement à rétablir, dans les plus brefs délais l’accès à internet mobile et aux réseaux sociaux. 5 actions sont prévues :

1. Ainsi, dès cet après midi, à 17 heures, nous allons lancer une pétition nationale et

internationale pour le rétablissement d’internet mobile et des réseaux sociaux : nommée Boul Laal sunu Net

2. Nous allons aussi mener une action de communication sociale et communautaire, en ligne et en présentiel, pour sensibiliser nos concitoyens sur ces violations flagrantes de la liberté d’expression

3. Nous allons mener dès demain, une série de rencontres auprès des décideurs publics et privés, des autorités religieuses et coutumières, des partenaires techniques et financiers de l’Etat du Sénégal pour donner de l’écho à cette revendication citoyenne

4. Nous allons saisir les organisations nationales et internationales auxquelles a adhéré le Gouvernement du Sénégal pour porter le combat !

5. Nous allons mettre en place un front citoyen pour la restauration d’internet mobile et des réseaux sociaux qui se chargera de faire la vigie citoyenne dans les jours à venir pour l’exécution de cette doléance citoyenne mais aussi pour que pareille situation ne se reproduise plus dans notre pays

Mesdames et Messieurs les journalistes,

Le monde digital pose d’énormes défis à nos sociétés. Il peut être un atout à notre démocratie, mais aussi un frein à son développement.

Au Sénégal, nous avons un engouement exceptionnel des jeunes pour les nouvelles technologies. Ces trois derniers jours, internet a permis de construire un débat constructif sur les réseaux sociaux avec des spaces sur twitter accueillant des milliers d’auditeurs. Internet a aussi permis d’organiser la solidarité nationale et internationale pour venir en aide aux milliers d’étudiants dans le désarroi, bloqués dans leurs universités. Internet a permis surtout d’organiser les secours médicaux en signalant les besoins d’assistance urgents.

Nous avons aussi observé, et le déplorons, des cas de désinformation et d’incitation à la violence. Nous avons été impressionnés par la capacité de bon nombre d’internautes à contrer ces dérives sur internet et les invitons à renforcer la vigilance sur ces malheureux cas d’usage non avisés du numérique.

Nous rappelons que, depuis plusieurs années, nous avons interpellé l’Etat , hélas sans réponse appropriée et efficace, pour veiller, accompagner et promouvoir un accès et un usage inclusif et avisé du numérique.

Nous reformulons des recommandations phares pour accompagner les politiques publiques à prendre sérieusement, de manière efficace, la question de l’appropriation avisée du numérique par les sénégalais

1. Revoir la loi sur la régulation du numérique pour protéger l’internaute sénégalais, les enfants et les femmes. Cette loi devra tout mettre en œuvre pour faciliter la libre expression citoyenne et non pour la menacer.

2. La mise en place d’une autorité indépendante et autonome, chargée de superviser cette régulation, doit voir le jour. Cette autorité doit avoir une composition paritaire, avec une forte représentativité de la société civile, dans toutes ses dimensions (religieux, journalistes, associations, etc.). Cette autorité permettrait qu’un seul acteur, le Gouvernement, n’ait pas à décider de couper internet des mobile et les réseaux sociaux unilatéralement

3. Promouvoir la sensibilisation du grand public sur les enjeux et les dangers liés aux réseaux sociaux. Une attention particulière doit être portée à l’éducation au numérique des jeunes, à travers le milieu éducatif et les associations

4. Mettre les plateformes numériques face à leur responsabilité sur la modération des contenus en ligne mais aussi les impliquer pleinement dans l’éducation numérique des jeunes

5. Avoir une réelle stratégie, avec des acteurs coordonnés sur les défis majeurs du numérique : protection de l’enfance en ligne, lutte contre la désinformation etc. Nous demandons dans ce sens, la tenue d’un conseil interministériel sur la régulation, les libertés et la protection des usagers en ligne.

Dans une démarche soucieuse de l’intérêt général et du retour de la paix, nous tendons la main aux autorités pour œuvrer ensemble dans cette voie d’un monde digital au Sénégal sûr, propice à la citoyenneté et à l’épanouissement de notre jeunesse.

Pour conclure ces propos liminaires et dans un ultime appel, nous interpellons l’Etat du Sénégal et toutes les parties prenantes à faire face aux violations des droits à l’égard des enfants et des jeunes que nous avons constatés depuis le 1er juin. Nous devons aujourd’hui considérer les réseaux sociaux comme une sentinelle de la démocratie, de veille, d’expression et de protection citoyenne.

Déclaration lue collectivement par

  •  Ousseynou Gueye, Directeur Exécutif de Polaris Association
  •  Basile Niane, CEO de Social Net Link
  •  Gérard Dacosta, Fondateur de la Communauté RootSN

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