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L’annonce du verdict du procès opposant AdjiSarr/OusmaneSonko le jeudi 1er juin 2023 a induit la mise en ébullition de plusieurs villes sénégalaises par des jeunes manifestants. Les émeutiers ont plongé le pays dans une turbulence considérable. Plusieurs pertes matérielles chiffrées à des milliards de FCFA, des pertes en vies humaines et des centaines de blessés et d’arrestations ont été enregistrés.
L’ampleur des violences a conduit des organisations non gouvernementales à plaider pour un retour immédiat au calme et d’autres organismes (nationaux et internationaux) demandent une enquête indépendante sur la répression meurtrière des manifestants.
LA COUPURE DE L’INTÉRÊT-NET DES “GOORGOORLU” SENEGALAIS!
Les manifestations notées à la suite de ce procès qui a tenu tout le monde en haleine depuis mars 2021 a poussé l’État, après une restriction des réseaux sociaux le 2 juin, à passer à une suspension temporaire de l’internet mobile sur l’étendu du territoire national le dimanche 4 juin. Les autorités compétentes justifient cette coupure par “ la diffusion de messages haineux et subversifs dans un contexte de troubles à l’ordre public dans certaines localités du territoire national ”.
Cependant, cette décision constitue un coup de foudre pour des milliers de citoyens dont le numérique est le principal outil de travail. Ils voient leurs activités socio-économiques mises à l’arrêt dont les conséquences dépassent largement les utilisateurs des réseaux sociaux incriminés et touchent tous les domaines d’activité des sénégalais.
Cette mesure restrictive contre l’honneur du goorgorlu suscite une série de protestations. Ainsi, elle déclenche un confluent de points de presse organisés par des organismes et des particuliers. Les porteurs de ce combat de société dénoncent cette décision et demandent un retour immédiat de l’internet pour “ faire revenir la vie dans les familles sénégalaises qui, aujourd’hui, dépendent beaucoup du numérique ».
“On a arrêté de travailler depuis la coupure de l’internet”
De nombreux observateurs se sont plus focalisés sur les pertes notées au sein de l’université Cheikh Anta Diop, du chantier BRT, du TER, …, et sur les actes de vandalismes enregistrés un peu partout dans la capitale contre les infrastructures et institutions publiques. Pourtant, il y a des milliers de familles innocentes qui souffrent des dommages de ces agissements et des journées sans internet.
La situation de ces derniers intéresse particulièrement les organisations de défense de droits humaines, plus particulièrement celles qui travaillent sur le numérique et pour qui, il est hors de question d’oublier ces victimes collatérales.
Pour Ousseynou Gueye, Directeur Exécutif de Polaris Asso, « il faut porter un plaidoyer pour ces impactés qui, pourrait-on dire, sont dans l’ombre et ne trouvent pas les moyens de se faire entendre ». Une descente sur le terrain qu’il a tenu à faire avec son équipe a permis d’aller à la rencontre de ces travailleurs oubliés et de documenter ainsi leur détresse.
Les “gorgorlou” comme les gérants et propriétaires de petites agences de transfert d’argent (wave, orange money, etc.), les services du transport tel que Yango, les livreurs et boutiques en ligne (chaussures, sacs, habillements…) interrogés sur cette situation ont livré quelques messages.
Bathily Y., artisane maroquinerie qui fait des ventes en ligne, a vu son activité paralysée. Ce qu’elle exprime en ces termes :
Macké-B, avance dans le même sens en proclamant :
“On a arrêté de travailler depuis la coupure. C’est hier qu’on a repris. Nous avons eu une baisse de 50% sur notre activité. Un gap très difficile à rattraper. Ce que nous aimerions est que la situation se règle et que l’on nous laisse travailler. Couper la connexion n’a pas de sens, cela pénalise les jeunes qui travaillent surtout dans le cadre des ventes en ligne. La coupure c’est pour faire mal à la jeunesse qui travaille ! ”.
Factuellement, la coupure de l’internet, compte tenu du niveau important d’appropriation que les populations en ont fait, peut avoir des conséquences économiques insoupçonnées. Elle pénalise les startups et les PME surtout ceux tenus par les jeunes et qui, souvent, font déjà face à de fortes contraintes structurelles.
Polaris-asso_Pôle-recherche:
Abdou Gning
Mamadou Djim Gaye
Philippe Ndéné Ndiaye
Fatou Bintou Kébé
Mohamed Ahmed Badji
Ousseynou Gaye
Aurélie Brument
Sandrine Lemare